Syllogomanie : quand l’accumulation devient pathologique !

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Devoir vivre avec un conjoint, un parent, un enfant qui à cette manie à la conservation compulsive n’est pas chose facile. Un proche qui n’aime rien jeter et conserve jusqu’au carton de pizza, vous en avez probablement connu. S’il n’a jamais été sensible à vos multiples exhortations à jeter, c’est peut-être parce qu’il est malade. Ce pourrait être ce que de plus en plus de chercheurs appellent la syllogomanie et à propos duquel on n’en sait désormais un peu plus.

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Tout partirait de l’aversion à la dépossession…

Il y a encore quelques années, la communauté scientifique n’en savait que très peu sur la pathologie de l’accumulation des objets. La récurrence du problème a contribué à susciter l’intérêt des chercheurs et du peu qu’on en sait, tout partirait de l’aversion à la dépossession, avec des causes et des formes multiples comme il est expliqué sur le site syllogomanie.fr qui traite le sujet en profondeur et nous fait découvrir les dérives de cette pathologie à travers les syndromes absolument méconnus de la bibliomanie ou du syndrome de Noé.

Le site de la BBC a récemment publié un article sur la manie à la conservation compulsive des hommes, qui serait provoqué par l’effet de dotation ou l’aversion à la dépossession. Selon cette hypothèse, la valeur donnée aux objets est plus grande lorsque c’est votre propriété. Autrement dit, on accorde moins de valeur à ce qui appartient à autrui.

Le fait est que plus vous donnez de la valeur à un objet et plus forte est l’envie de le garder envers et contre tout. Il devient difficile de vous débarrasser des choses que vous considérez être de objets de grande valeur, même quand vous ne les gardez pas pour les utiliser. Il se pourrait que cette aversion à la dépossession cache un mal beaucoup plus profond.

Alors qu’une première hypothèse affirme que cette aversion serait le résultat d’un trouble obsessionnel compulsif, une autre étude publiée dans le quotidien The American Medical Association qu’il s’agirait plutôt de syllogomanie.

Syllogomanie, une maladie du perfectionnisme

Visiblement, la syllogomanie serait une véritable maladie et non un simple trouble du comportement. Cette étude américaine a prouvé que le cerveau des personnes qui en souffrent a une activité tout à fait différente de celle du cerveau des personnes atteintes de trouble obsessionnel compulsif.

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Une personne atteinte de syllogomanie réagirait en fonction de son attachement au perfectionnisme. Cette idée l’empêcherait de se décider à jeter les objets par peur de prendre la mauvaise décision. Elle est en effet tiraillée entre l’attachement affectif pour les objets et la peur d’être dans le manque.On comprend alors que la maladie serait plus liée à l’incapacité à renoncer plutôt qu’à une addiction au collectionnisme.

Des tests ont été réalisés par une équipe de chercheurs de l’Institute of Living, dirigée par David Tolin sur des sujets atteintes de trouble obsessionnel compulsif (TOC) et de syllogomanie. Ils ont révélé une activité anormale dans l’insula et le cortex cingulaire antérieur des personnes atteintes de syllogomanie, des régions du cerveau liées à la prise de décision.

Les signes d’activité étaient manifestes lorsqu’il leur était demandé de supprimer un e-mail en rapport avec eux, mais qui n’avait plus aucun intérêt. Ces signes cessaient dès lors que l’e-mail envoyé n’avait aucun lien avec eux. David Tolin explique à ce sujet que « pour prendre une bonne décision, il faut une certaine quantité d’activité dans ces régions du cerveau. Trop peu, et on ne prête plus attention à rien, on n’est pas assez stimulé. Mais trop et c’est l’épuisement ».

En d’autres termes, le désordre autour d’une personne atteinte de syllogomanie ne produit pas un stimulus nécessaire à activer les régions du cerveau liées à la prise de décision. La raison en est que tout conserver l’empêche de prendre une décision. Au contraire, c’est davantage l’idée de se décider à jeter les objets accumulés qui provoque une intensification de l’activité cérébrale à un tel point que cela induit une fatigue qui les empêche au final de prendre la moindre décision.

En bref, ces personnes souffriraient de « Hording disorder », une pathologie qui induit une suractivité cérébrale lorsqu’elles se retrouvent en situation de devoir choisir de jeter ou de garder quelque chose qui leur appartient.

La dépression, l’élément déclencheur

Anouk Le Guillou, le patron de Place Nette, une entreprise qui vient en aide aux personnes qui se sentent dépasser par leur possession, explique que près de 65% de ces clients sont dépressifs ou ont traversé une dépression. La plupart se sont laissé submerger alors qu’ils étaient au plus mal et n’ont pas été en mesure de s’en sortir.

Cela explique que dans la majorité des cas, la syllogomanie est déclenchée par un traumatisme profond. Dans son livre Dirty Secret, l’écrivaine américaine Jessie Sholl raconte son quotidien en tant que fille d’une accumulatrice compulsive. Elle révèle que sa mère à sombrer dans l’entassement à partir du moment où elle a perdu son compagnon avec qui elle était en couple depuis 10 ans.

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Des études ont désormais montré que la syllogomanie se transmet génétiquement. La plupart des accumulateurs compulsifs racontent toujours qu’ils ont eu un grand-père ou un oncle qui avait tendance à tout garder. Pour l’heure, le tri régulier est le seul traitement connu.

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